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Courants pédagogiques (2 sur 3)

1 / 6
Question

Pour François Rabelais, il faut "bien vivre et bien mourir"

Réponse

Bonne réponse

François Rabelais a écrit des romans pour me moquer de l'excès de pouvoir du maître. C'est au philosophe Montaigne que l'on doit la phrase "il faut chercher à bien vivre et bien mourir (Les Essais) (voir diapo 4).

Réponse

Mauvaise réponse

François Rabelais a écrit des romans pour me moquer de l'excès de pouvoir du maître. C'est au philosophe Montaigne que l'on doit la phrase "il faut chercher à bien vivre et bien mourir (Les Essais) (voir diapo 4).

2 / 6
Question

Les Jésuites sont généralement de bons pédagogues

Réponse

Bonne réponse

Les Jésuites ont fondé 500 collèges urbains pendant la Contre-Réforme et instruisent l'élite de l'époque. Ils mettent au point une pédagogie magistrale de qualité (voir diapo 4).

Réponse

Mauvaise réponse

Les Jésuites ont fondé 500 collèges urbains pendant la Contre-Réforme et instruisent l'élite de l'époque. Ils mettent au point une pédagogie magistrale de qualité (voir diapo 4).

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Question

Comenuis s'oppose à Rousseau et leurs principes en matière d'éducation sont radicalement différents

Réponse

Bonne réponse

Comenius, comme plus tard Rousseau, partagent les mêmes idées en matière d'éducation et de pédagogie: ils sont des précurseurs du mouvement des pédagogies actives (voir diapo 5).

Réponse

Mauvaise réponse

Comenius, comme plus tard Rousseau, partagent les mêmes idées en matière d'éducation et de pédagogie: ils sont des précurseurs du mouvement des pédagogies actives (voir diapo 5).

4 / 6
Question

John Dewey a démontré la supériorité de la pédagogie magistrale.

Réponse

Bonne réponse

John Dewey est un des principaux théoriciens des pédagogies actives (voir Diapo 10).

Réponse

Mauvaise réponse

John Dewey est un des principaux théoriciens des pédagogies actives (voir Diapo 10).

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Question

Célestin et Élise Freinet sont connus pour leurs rôle dans le développement des pédagogies actives en France

Réponse

Bonne réponse

Célestin et Élise Freinet ont tenu un rôle majeur dans le développement des pédagogies actives en France, un rôle que poursuit aujourd'hui l'ICEM (https://www.icem-pedagogie-freinet.org/) (voir diapo 11).

Réponse

Mauvaise réponse

Célestin et Élise Freinet ont tenu un rôle majeur dans le développement des pédagogies actives en France, un rôle que poursuit aujourd'hui l'ICEM (https://www.icem-pedagogie-freinet.org/) (voir diapo 11).

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Question

Les pédagogies actives ont influencé l'Éducation Populaire et la Formation des adultes.

Réponse

Bonne réponse

Voir diapo 13

Réponse

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Courants pédagogiques (3 sur 3)

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Courants pédagogiques (2 sur 3). Pédagogie et Modernité

Diapo 2

Résumé et plan

1. Résumé

La modernité, de la Renaissance aux années 1970, est une période où le monde change (découvertes scientifiques, Révolution française, industrialisation) et traverse des crises. Durant cette période, l’idée de l’instruction pour tous et d’une école pour tous va faire, étape par étape, son chemin. En pédagogie, la méthode traditionnelle, qui dominait, est concurrencée par les pédagogies actives. Sur le terrain, c’est une sorte d’hybridation entre ces deux modèles à laquelle on assiste.

2. Plan

Détaillé sur la diapositive, le plan se déroule de la diapo 3 jusqu’à la diapo 14. Les numéros entre parenthèses correspondent aux numéros des diapositives.

3. Conseil

Pour profiter au mieux du module, vous pouvez regarder la diapositive, écouter le commentaire audio et lire le commentaire écrit. Pour cela, cliquer sur l’icône comme indiqué dans la partie « texte » à gauche de la diapositive.

Diapo 3

Introduction

1. La Modernité, c’est un monde qui bouge, qui se transforme, mais à un rythme finalement mesuré.

2. On peut distinguer trois étapes : la genèse avec la Renaissance, les 17ème et 18ème siècle avec les découvertes scientifiques et la Révolution française, le 19ème et la première moitié du 20ème siècle. Avec à chaque étape, des éléments majeurs pour l’éducation et la pédagogie.

3. Dressons, à grands traits, les évolutions pédagogiques de ces trois étapes, en nous appuyant sur quelques grandes figures : il s’agit ici de montrer comment cette période a vu l’émergence de modèles et de pratiques pédagogiques dont la trace demeure dans la pédagogie actuelle, à l’école comme en formation.

Diapo 4

Éducation et pédagogie à la Renaissance 

1. Erasme (1466-1536) est un pédagogue humaniste : il combat la scolastique, c’est-à-dire une philosophie enseignée à l’Université à cette époque, qui fait le lien entre la philosophie grecque et la théologie chrétienne. Érasme défend les textes classiques et met au point, pour l’élève, un plan progressif, adapté à ses capacités. Il est favorable à l’éducation des femmes. Il prône l’observation de la nature et s’oppose à la discipline dure de son époque.

2. Martin Luther (1483-1546) prend parti pour une réforme de l’Église et souhaite que chacun puisse lire directement la Bible. Cela notamment grâce à l’imprimerie de Gutenberg, récemment inventée. Il souhaite que l’État assure l’instruction de tous, filles et garçons, une instruction basée sur la vertu et une culture de base partagée. Peu à peu, l’écrit va remplacer l’oral et le « par cœur », qui était la règle à cette époque où la mémoire de l’apprenant était très sollicitée.

3. François Rabelais (1494-1553), dans son roman de fiction Gargantua (1534) utilise ses personnages pour critiquer l’Église et le pouvoir. Contre le « Magister dixit » (« le maître dit ») qui prévalait alors, il défend un savoir encyclopédique, basé sur l’observation, le questionnement et la réflexion.

4. Pour Montaigne (1533-1592) l’éducation doit apprendre à  « bien vivre et bien mourir ». L’important n’est pas d’être savant, mais de raisonner juste et de formuler un jugement honnête et argumenté.

5. Suite à la Réforme des Protestants, l’Église catholique organise une contre-réforme : elle veut maintenir son influence sur les élites en Europe et les Jésuites fondent 500 collèges urbains. Les Jésuites sont des pédagogues de qualité. Pour eux, l’éducation doit s’adapter à chaque élève, car les élèves sont tous différents, tant dans leurs capacités que leurs motivations. Ils soulignent que le maître doit être exemplaire dans son comportement et doit exceller dans ce qu’il enseigne. Ils généralisent un modèle de pédagogie scolaire, hérité des romains et encore largement en cours : le modèle d’enseignement frontal ou, en classe, les élèves, organisés en rangées, sont face au maître et au tableau.

Diapo 5

Éducation et pédagogie aux 17 ème et 18 ème siècles (1 sur 2)

1. Durant cette période, les transformations de la société se confirment, les connaissances scientifiques et techniques s’accumulent. On assiste à la naissance d’un courant alternatif aux méthodes traditionnelles qui exigent de l’apprenant une soumission au pédagogue : ce courant est celui des méthodes actives, qui envisagent l’apprenant sous un nouveau point de vue.

2. Coménius (1592-1670) est un moine de Moravie, une région de l’Europe centrale. C’est un réformiste et un pacifiste qui déclare : « il faut enseigner tout à tous ». On le considère comme le père des pédagogies actives, qui vont éclore à la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle. Pour lui, l’éducation est une sorte de jardinage, dont l’objet est le développement du potentiel de l’enfant. Ainsi, il écrit : « Les artisans ne retiennent pas leurs apprentis sur des théories, ils les mettent bientôt à l’ouvrage pour qu’ils apprennent à forger en forgeant, à sculpter en sculptant… Que dans les écoles, on apprenne donc à écrire en écrivant, … à raisonner en raisonnant… ». Il cherche susciter l’intérêt et l’adhésion de l’élève aux apprentissages. Son encyclopédie pédagogique et didactique (Opera didactica omnia, 1657) fera de lui le pédagogue le plus lu au monde à cette époque. Il énonce notamment trois principes pédagogiques qui indiquent l’importance de faire confiance à l’apprenant ; le rôle du pédagogue étant alors de le guider, d’être un médiateur entre lui et le savoir :

  •  « Envoie les enfants aux leçons publiques pendant 4 heures et laisse en autant pour les études personnelles».
  • « Ne fais apprendre par cœur que les choses principales et laisse le reste pour les exercices libres».
  • « Règle tout ton enseignement sur les capacités des élèves, qui se développent d’elles-mêmes avec l’âge et les progrès scolaires ».

Notre conception d’une pédagogie humaniste et pragmatique cherche, humblement, à s’inscrire dans l’héritage de Comenius, qui reste encore, à bien des égards, une source d’inspiration.

3. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est un philosophe français très célèbre. Il publie un roman, « Émile ou De l’éducation », en 1762: il fustige l’enseignement religieux qui vise une  obéissance inconditionnelle et prône une éducation qui épanouisse les enfants, un éducation plus ouverte, plus libre, qui laisse place à la possibilité de critiquer. Il place l’enfant au centre du système éducatif. Il faut, écrit-il, « écouter la petite musique de chaque enfant » pour l’éduquer à partir de ses capacités et ses désirs. Pour Rousseau, « Tout est bien sortant des mains de « l’Auteur des choses », tout dégénère dans les mains de l’homme ». L’école doit promouvoir une société juste, égalitaire et démocratique: il fixe les principes de l’éducation moderne. Cependant, il ne donne pas l’exemple avec ses propres enfants ! Ses écrits lui valent l’exil en Suisse.

4. Le suisse Johan Heinrich Pestalozzi (1746-1827) met en œuvre les principes de Rousseau à l’école d’Yverdon, en Suisse, une école dédiée aux enfants pauvres.

Ses méthodes d’éducation, concrètes et directes, fondées sur le développement progressif de toutes les facultés, sont exposées dans un essai intitulé « Comment Gertrude instruit ses enfants » (1801). Il montre, à travers son école expérimentale, l’éducabilité des enfants déficients, qui est aujourd’hui la préoccupation du courant actuel de l’inclusion scolaire. Il recommande d’aller du simple au complexe; du concret vers l’abstrait et cela à un rythme adapté : on ne peut que constater l’actualité et la pertinence de ses propositions pour tous les apprenants.

Il faut reconnaître que les pédagogies actives sont à cette époque un courant plein d’intérêt, mais encore très marginal.

Diapo 6

Éducation et pédagogie aux 17ème et 18ème siècles (2 sur 2)

1. La pédagogie traditionnelle, basée sur un rapport maître-élève très vertical et descendant, avec une figure du maître, dont l’autorité et le savoir ne peuvent être discutés, va évoluer, dans ses méthodes comme dans ses objectifs et l’intérêt des apprenants va peu à peu être pris en considération.

2. A travers 4 innovateurs en pédagogie, regardons certains traits de l’évolution de la pédagogie traditionnelle et remarquons que les questions qu’ils soulèvent ont encore une actualité de nos jours.

  • Pierre Nicole (1625-1695) est un janséniste, c’est-à-dire une personne aux idées très rigoureuses. Il fait partie du mouvement des Pédagogues de Port-Royal qui fondent « Les Petites Écoles ». Il veut que l’école soit un sanctuaire qui protège les enfants, notamment des violences de la société. Les apprentissages, l’écriture de petits textes, la science pratique sont des enseignements réalisés en français: ils visent la formation de l’intelligence plutôt qu’une obéissance aveugle à la parole magistrale.
  • Nicolas Malebranche, prêtre oratorien (1638-1715) ouvre une école populaire gratuite qui propose une éducation générale et une éducation religieuse. Il crée les premiers « cours du soir » à une époque où les enfants travaillent jeunes, étant ainsi précurseur d’un modèle qui sera repris par l’Éducation populaire et l’éducation permanente pour adultes.
  • Pour Jean Baptiste de La Salle (1651-1719), il faut apprendre un métier à tous: il invente, en quelque sorte, un enseignement “technique” gratuit pour tous dans des classes de niveau homogène: l’apprentissage d’un métier prime sur la culture : c’est une logique utilitariste qui prévaut. Ce débat existe encore aujourd’hui. Il fonde les Frères des écoles chrétiennes qui sont des religieux laïcs : ils deviendront rapidement le fer de lance de l’enseignement catholique.
  • Friedrich Fröbel (1782-1852) s’intéresse aux apprentissages des tous jeunes enfants, qui étaient alors l’objet d’un faible  d’intérêt: il convient de les éveiller par des jeux éducatifs, de leur proposer un environnement stimulant qui est important pour le développement de l’intelligence. Il ouvre la voie aux futurs jardins d’enfants et aux écoles maternelles.

3. La Révolution française va voir, avec Condorcet, héritier des Lumières, influencé par Voltaire et Rousseau, le premier projet d’une école publique et gratuite pour tous.

Condorcet, (1743-1794), dans son «Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique », présenté à l’Assemblée nationale au nom du Comité d’Instruction publique (1792) est un véritable précurseur d’une école démocratique où l’égalité des chances et l’égalité de traitement auraient une place réelle. Il souhaite que l’école soit publique, laïque, gratuite et obligatoire, qu’elle transmette une culture commune et instruise chacun afin qu’il puisse devenir un citoyen éclairé, capable d’être un citoyen-acteur de la vie démocratique: c’est l’inspirateur des réformes scolaires à venir au 19ème et au 20ème siècle.

Diapo 7

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (1/7)

1. Cette période va permettre la construction d’un système scolaire public, cela par étape, avec comme modèle pédagogique dominant le modèle magistral.

Durant le 19ème siècle se met en place l’école primaire publique et le modèle scolaire classique, qui perdure encore aujourd’hui avec quelques évolutions. Durant ce siècle, où la France n’est pas engagée dans de grands conflits -même si cette affirmation serait à relativiser-, la Révolution industrielle se déploie, avec un effet sur le plan social: l’apparition du prolétariat urbain. Ainsi, l’État français, dans un contexte économique favorable, va pouvoir investir dans le système scolaire et engager un mouvement d’accès de tous à l’instruction et à l’école. C’est aussi une période où l’école elle-même sera un outil politique dans le combat entre la laïcité, qui finira par s’imposer, et l’Église, dont, petit à petit, l’influence recule.

2. En simplifiant, on peut s’arrêter sur 4 dates-clés qui donnent un fil conducteur de la construction d’une école primaire publique, d’un accès plus démocratique à l’instruction de base, c’est-à-dire, en résumant,  compter, lire et écrire.

  • 1833 : c’est une date symbolique que celle de la création des écoles primaires par Guizot (Ministre de l’Instruction publique) dans toutes les communes de France.
  • 1850 : la loi Falloux  redonne une place à l’enseignement religieux qui avait été mis à l’écart dans les écoles.
  • 1866 : retournement de situation : la Loi Goblet écarte les religieux de l’école publique; celle-ci forme les instituteurs dans les écoles normales, présentes dans chaque département.
  • 1881-1882 : les Lois Ferry rendent l’école publique, gratuite, laïque et obligatoire. Le projet de Condorcet est concrétisé.

3. Du côté de la pédagogie, des changements ont lieu.

Au début du 19ème siècle, dans les campagnes, domine le mode individuel dans des classes uniques qui mêlent les élèves de différents niveaux et qui sont peu équipées : le maître est avec un élève à la fois. L’efficacité dans les apprentissages n’est pas au rendez-vous.

Puis apparaît le mode mutuel : les élèves les plus âgés ont en charge un groupe de plus jeunes une partie de la journée: le maître organise l’ensemble, comme un chef d’orchestre : cela permet d’être plus efficace, mais cela n’est pas mis en place partout.

Dans les villes, le mode frontal ou simultané reprend l’organisation déjà bien expérimentée dans les collèges jésuites. Il se généralise peu à peu car il est rationnel et efficace: l’école est répartie sur trois années, avec des élèves répartis en fonction de leur âge et de leur niveau. Le programme est simple : lire, écrire, compter, découvrir les sciences et techniques.

Le maître est détenteur du savoir mais aussi de l’autorité dans sa classe.

4. Concrètement la pédagogie se rationalise. Ainsi se généralisent la progression pédagogique à travers les programmes, les didactiques des disciplines scolaires :

  • Didactique de la lecture :  l’épellation lettre à lettre laisse place à une méthode phonologique qui domine encore aujourd’hui.
  • Didactique de l’écriture avec une simplification de la calligraphie.
  • Didactique de l’algèbre.

Diapo 8

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (2/7)

1. L’école primaire pour tous est mise en place par les Lois Ferry. Mais la question de l’égalité des chances, mise en relation avec l’origine sociale des élèves, encore régulièrement discutée aujourd’hui, se pose avec acuité.

Dans la réalité, deux systèmes scolaires parallèles coexistaient, en fonction de l’origine sociale des élèves:

  • Les enfants du peuple, filles et fils de milieu ouvrier et paysan, soit environ les ¾ de la population scolaire, fréquentaient l’école primaire publique communale (de 6 ans  à 12/13 ans). La fin de l’instruction était sanctionnée par le Certificat d’Études Primaires, créé par Duruy en 1882 et qui durera jusqu’en 1989 ! Suivait la vie active.
  • Pour les enfants des classes sociales plus aisées, la scolarité, empruntait à peu près le chemin suivant :  d’abord, les « petites classes » des collèges et lycées (qui correspondaient à l’école primaire). Puis entrée dans le système secondaire, collège puis lycée, qui conduisait au Baccalauréat. Notons que les filles ne seront autorisées à passer le Baccalauréat qu’en 1919, soit 111 ans après la création de ce diplôme. Seule une  minorité d’une classe d’âge obtenait le Baccalauréat, ce qui en faisait un diplôme très recherché. Notons que la première session du Bac technologique aura lieu en 1969 et que la première session du Bac professionnel aura lieu en 1987.

Au sortir de la première guerre mondiale est menée une réflexion pour l’avènement d’une École unique, la même pour tous les élèves. L’enseignement primaire public est unifié avant la seconde guerre mondiale, puis l’enseignement en collège est unifié avec le collège unique : c’est la loi Haby de 1975.

Cependant, les réformes de structure du système scolaire n’ont pas effacé par magie les défis posés par l’hétérogénéité scolaire, la ségrégation territoriale et sociale, peu visible mais réelle.

Le système scolaire actuel, avec une jeunesse dont le temps passé devant des écrans vient concurrencer le temps en classe, avec un métier d’enseignant qui a perdu en attractivité, ce système scolaire doit faire face à des défis importants. Si la question des programmes et  de l’organisation scolaires sont importants, nul doute qu’une des clés réside dans le modèle pédagogique, car finalement, c’est là que l’élève rencontre le savoir, grâce à des médiations ajustées par le pédagogue…

2. Dans cette période de la modernité domine, répétons-le, le modèle pédagogique magistral où l’autorité du pédagogue s’impose : la parole de l’élève est autorisée seulement pour répondre aux questions du maître et l’élève obéit : cette socialisation scolaire, en complément de l’instruction, est en phase avec la société où le pouvoir du père à la maison et le pouvoir du patron à l’usine ne sont que peu  mis en cause. Le maître enseigne le programme, lequel est réparti en disciplines et avec une progressivité d’un niveau à l’autre. Sur le plan pédagogique, la méthode magistrale classique est connue : leçons par un exposé magistral au tableau le plus souvent, exercices d’application, contrôle de connaissances… L’organisation rationnelle de Charles Taylor pour l’industrie trouve, dans le contexte scolaire, une forme d’application particulière, qui permet de gérer des flux importants d’élèves, de les instruire avant leur entrée dans la vie active.

Ce modèle scolaire traditionnel est héritier de la pédagogie classique depuis le moyen-âge, relayé par l’Église et la République. Il est mécanique : il suffit d’enseigner pour que l’élève apprenne. Et en cas d’échec, les capacités de l’élève ou sa motivation, ou encore son environnement culturel et familial sont pointés du doigt comme principales causes.

Remarquons qu’aujourd’hui, la description du modèle magistral traditionnel paraît caricaturale. Quand on se rend dans les établissements scolaires, on s’aperçoit d’une certaine richesse des pratiques pédagogiques : la parole des élèves est souvent prise en compte, des projets variés sont mis en place…. La pédagogie magistrale classique se modernise tout en demeurant majoritaire.

Diapo 9

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (3/7)

1. Les pédagogies actives vont rencontrer un certain succès à la fin du 19ème siècle, à partir d’une critique du modèle magistral, accusé de laisser les élèves passifs et de ne pas se soucier de leur épanouissement. Ce  succès demeurera relatif au 20ème siècle car les pédagogies actives ne s’imposeront jamais. Sans doute leur succès le plus réel, paradoxalement, aura été de diffuser, par porosité, des pratiques et des postures alternatives au modèle traditionnel. Et ce modèle traditionnel ainsi, a pu évoluer, se transformer, tout en gardant une place incontestée. L’avenir dira si cette réalité perdurera.

Arrêtons-nous un moment sur ce modèle des pédagogies actives, sa genèse, ses pédagogues les plus marquants, ses propositions pédagogiques. Un des éléments clés de ces pédagogies est de proposer une évolution radicale dans la relation entre apprenant et pédagogue : l’apprenant devient un acteur de ses apprentissages et il est aussi plus actif ; sa parole est sollicitée et il est pris en compte en tant que sujet. De son côté, le pédagogue prend la posture du médiateur, ce qui ne signifie pas un abandon de son autorité, mais ouvre la voie à une manière moins verticale dans l’exercice de cette autorité.

2. Nous l’avons vu, Comenius (17ème siècle) ou encore Rousseau et Pestalozzi (18ème siècle) sont considérés comme des précurseurs des pédagogies actives, c’est à dire d’un modèle pédagogique qui vient s’opposer à la pédagogie traditionnelle de cette époque. Critiquant le modèle classique d’apprenants soumis et passifs, ces précurseurs proposent que les apprenants soient actifs et acteurs, plus autonomes et plus responsables dans les apprentissages, qu’ils puissent exprimer leurs avis de manière plus libre. Tout cela invite à une évolution dans le rôle du pédagogue : il n’est plus le « maitre » omnipotent mais prend une posture nouvelle : celle de médiateur des apprentissages.

Ces pédagogues qui prônent les pédagogies actives inventent des méthodes, des dispositifs, des outils au service de leur vision de l’éducation. Et ils vont s’appuyer, au 20ème siècle, sur les premiers résultats apportés par la psychologie du développement de l’enfant : le modèle constructiviste de Jean Piaget, le modèle socio-constructiviste de Lev S. Vygotski mais aussi de Henri Wallon.

3. Ce mouvement d’ensemble se nomme, à l’origine le mouvement d’École Nouvelle, prenant exemple sur la New School, fondée en Angleterre en 1889 par Cecil Reddie.

 

Diapo 10

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (4/7)

Voici quelques points de repères concernant le développement  du mouvement des pédagogies actives, à travers quelques grandes figures dont certaines sont assez connues. Ce qui caractérise ce mouvement des  pédagogies actives, c’est de s’appuyer sur des expérimentations pédagogiques en Europe et aux États-Unis. Des expérimentations variées, avec un fil conducteur constitué d’une communauté d’idées autour de la place, centrale et active, de l’apprenant.

  • John Dewey, influencé par la psychologie pragmatique et fonctionnaliste de W. James, fonde en 1896 l’École expérimentale de Chicago. On lui doit un aphorisme célèbre, qui résume à lui seul l’esprit des pédagogies actives : «  learning by doing », qui signifie qu’on apprend en faisant les choses, en étant acteur et actif.
  • Lictz (1898), suivi de Gheeb, fonde des écoles nouvelles en Allemagne.
  • Edmond Demolins est à l’origine de l’École des Roches (Normandie, France) en 1899.
  • Ovide Decroly fonde une école à Bruxelles en 1901 et promeut la méthode des centres d’intérêt ainsi que l’apprentissage global de la lecture.
  • Maria Montessori, une des premières femmes médecin en Italie, fonde la Casa del bambini à Rome en 1905. Elle lie le développement cognitif des jeunes enfants avec l’éducation motrice et le fait de mobiliser les sens comme le toucher ou l’ouïe. Ses idées et ses pratiques nourriront les pratiques pédagogiques de l’école maternelle. Et donneront naissance aux Écoles Montessori, qui s’inspirent de sa démarche et sont l’objet de controverses très actuelles.
  • Édouard Claparède fonde à Genève en 1912 l’école Jean-Jacques Rousseau. Pour lui, en contact avec Dewey, « toute leçon doit être une réponse ». Voilà un point à retenir pour penser le manque d’engagement des élèves dans les apprentissages.
  • Helen Parkhurst fonde en 1916 le laboratory plan à l’école de Dalton (Massachusetts, USA), proposant une organisation scolaire basée sur des programmes individualisés réalisés avec des fichiers auto-correctifs.
  • Alexander S. Neill, pédagogue libertaire écossais, fonde en 1921 l’école de Summerhill, où il expérimente le self- government, qui est une forme d’autonomisation des apprenants. Les « Conseils coopératifs » de la pédagogie institutionnelle de Fernand Oury en France, en sont issus.
  • Adolf Ferrière fonde en 1921 la revue « Pour l’Ère Nouvelle ». Henri Wallon lui succèdera en 1932 à sa tête. L’Université de Caen Normandie en est  héritière à travers sa revue Les Sciences de l’éducation –  Pour l’Ère nouvelle , toujours éditée. Cela grâce à  Gaston Mialaret, co-fondateur des sciences de l’éducation en France en 1967.
  • Roger Cousinet fonde en 1946 l’École nouvelle de la  Source (France).

 

Diapo 11

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (5/7)

1. Célestin Freinet (1896-1966) et sa femme Élise Freinet (1998- 1983) sont les figures emblématiques du mouvement de l’Éducation Nouvelle en France. Arrêtons-nous quelques instants sur leur contribution, encore vivante aujourd’hui grâce à l’ICEM, l’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne dont le site internet est disponible dans les ressources  de ce module.

2. Pour pallier la passivité des apprenants en classe, laquelle conduit à l’ennui ou au désordre qu’il faut contenir, le couple Freinet met au point, par expérimentation directe en classe, des outils et des méthodes au service d’une pédagogie coopérative et d’une démocratisation de la réussite scolaire, dont voici quelques exemples encore vivants aujourd’hui et présents dans de nombreuses classes.

  • Texte et dessin libres
  •  Journal de classe (rédaction, fabrication)
  • Échanges et correspondance scolaires
  • Fichiers et plan de travail individualisés
  • Conseil coopératif

3. Aujourd’hui, tous ces outils ne sont pas réservés aux tenants déclarés de la pédagogie Freinet,  présents dans de nombreux pays. Dans la plupart des écoles ordinaires, on trouve souvent ces outils, mêlés à des pratiques plus «magistrales». On obtient ainsi une pédagogie hybride où les pédagogies actives sont présentes en étant mêlées à des pédagogies plus classiques et modernisées.

Diapo 12

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (6/7)

Les principes des pédagogies actives

En 1922, François Chatelain propose 10 principes qui selon lui, constituent le dénominateur commun des expérimentations conduites au nom  des pédagogies actives et de l’Éducation nouvelle. Ce mouvement n’est pas d’emblée structuré; il  apparaît éparpillé en Europe et aux États Unis, dans la première partie du 20ème siècle.

1. Un changement du rôle de l’enseignant:  il devient médiateur/accompagnateur.

2. La psychologie de l’enfant pour nourrir la pédagogie.

3. Le respect de l’individualité par un enseignement différencié.

4. L’intérêt de l’enfant comme moteur des apprentissages.

5. Ouvrir l’école sur la vie.

6. La classe: une communauté de vie.

7. Unir l’activité manuelle au travail de l’esprit.

8. Développer chez l’enfant les facultés créatrices.

9. Remplacer la discipline extérieure par une discipline librement consentie.

10. À la recherche du bonheur présent et futur…

Diapo 13

École et pédagogie au 19ème siècle et au début du 20ème siècle (7/7)

1. Les pédagogies actives n’ont pas vocation à être cantonnées  dans le monde scolaire. Elles ont eu une influence, plus ou moins perceptible, dans l’ensemble du monde de l’éducation et de la formation. Citons deux exemples où l’héritage des pédagogies actives reste vivant aujourd’hui, même si cet héritage apparaît pour certains désormais un peu lointain.

2. Les pédagogies actives ont marqué fortement le mouvement d’Éducation Populaire qui voulait, dès le 19ème siècle, œuvrer à la démocratisation du savoir, de la culture et à l’émancipation du peuple. On peut citer la Ligue de l’enseignement, fondée par Jean Macé en 1866 ou encore le scoutisme laïc et devenu mixte des Éclaireuses et Éclaireurs de France, qui a été à l’origine des CÉMÉA, les Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active.

3. Les pédagogies actives aussi sont présentes dans la formation des adultes, institutionnalisée en 1970, et dans des dispositifs d’insertion professionnelle où l’action, la mise en projet des bénéficiaires sont régulièrement mis en œuvre au prisme des pratiques issues de ce mouvement.

4. Par ailleurs, la pédagogie du projet, qui s’écarte mécaniquement des programmes prescrits et laisse une part d’initiative aux apprenants, est directement issue des pédagogies actives. De même que la pédagogie du contrat, dans laquelle, la place du diagnostic initial permet de tracer un chemin individualisé pour conduire, à son rythme et de manière rationnelle, l’apprenant vers les objectifs fixés. Une démarche dont la pédagogie humaniste et pragmatique s’inspire.

 

 

Diapo 14

Conclusion

1. La période Moderne, du 16ème au 20ème siècle,  a vu le monde occidental changer, entre progrès scientifiques et techniques, mouvement de démocratisation de la société, cela au travers de crises nombreuses.

L’école, en partie reflet de la société et source possible de progrès, a accompagné ces changements.

À travers le défi de l’instruction, des apprentissages scolaires et non scolaires, de la formation professionnelle et de la formation tout au long de la vie, la pédagogie a emprunté des voies variées, parfois contradictoires.

2.  Si l’on veut synthétiser, deux modèles émergent, dont nous parlait déjà Comenius au 17ème siècle : le modèle du potier et le modèle du jardinier.

Le potier donne forme à la terre en agissant sur elle en fonction de sa volonté et de sa compétence.

=> C’est le modèle classique où le maître parle et l’élève écoute et « fait son travail ». L’institution scolaire pose les règles, son organisation. La logique d’appropriation des savoirs et la logique de l’ordre scolaire dominent.

3. Le modèle du jardinier. Le jardinier vise le développement optimal des plantes: il leur fournit un environnement et des soins adaptés pour leur croissance.

=> La logique d’expression de l’élève, de son épanouissement et de sa créativité sont prioritaires. C’est le modèle des pédagogies actives.

4. Chaque modèle a une logique, un centre de gravité… des points forts et des points faibles, qui peuvent varier en fonction du contexte et de la situation pédagogique, des objectifs qu’on cherche à atteindre, des ressources dont on dispose.

Nous voyons une tension dynamique entre les deux modèles, dont notre pédagogie humaniste et pragmatique, qui se veut intégratrice, cherche à s’inspirer. Au-delà des querelles de clocher, on peut dire que les deux modèles ne s’excluent pas, bien au contraire.

La période de la Post-Modernité, depuis les années 1970, est marquée par des changements accélérés. Les révolutions rapides de la société prennent de vitesse les rythmes de transmission. Les connaissances s’accumulent, les outils technologiques se transforment, les défis pédagogiques à relever deviennent plus intenses, plus urgents et plus complexes.

5. Le module « Courants pédagogiques 3 », termine le survol des éléments qui aident à prendre la mesure de l’épaisseur historique de la pédagogie. Nous proposons, dans ce module « Courants pédagogiques 3 » quelques modèles pédagogiques contemporains, dont la théorie de pédagogique humaniste et pragmatique » s’efforce de tirer parti, notamment dans les trois modules de base que nous proposons.

 

Ressources

Modules suivants

Partie 2 - Modules thématiques Courants pédagogiques (3 sur 3) Commencer le module Partie 2 - Modules thématiques Pédagogie et tutorat Commencer le module Partie 2 - Modules thématiques Pédagogie et école Commencer le module