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Pédagogie et autorité

1 / 5
Question

L’autorité éducative et pédagogique est uniquement une question philosophique.

Réponse

Bonne réponse

La question de l’autorité peut être discutée par une approche philosophique. Mais aussi, et en complément, par une approche concrète et pragmatique, une approche par la pratique effective (Diapo 4 & 5).

Réponse

Mauvaise réponse

La question de l’autorité peut être discutée par une approche philosophique. Mais aussi, et en complément, par une approche concrète et pragmatique, une approche par la pratique effective (Diapo 4 & 5).

2 / 5
Question

Autorité et discipline sont deux notions synonymes.

Réponse

Bonne réponse

La discipline consiste à organiser et établir des règles et l’autorité revient à faire vivre concrètement ces règles (Diapo 6 & 7).

Réponse

Mauvaise réponse

La discipline consiste à organiser et établir des règles et l’autorité revient à faire vivre concrètement ces règles (Diapo 6 & 7).

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Question

L’autorité éducative et pédagogique est une influence qui vise l’émancipation du sujet.

Réponse

Bonne réponse

L'influence, qu’exerce le dépositaire de l’autorité, doit être juste et équilibrée (Diapo 8 et 9).

Réponse

Mauvaise réponse

L'influence, qu’exerce le dépositaire de l’autorité, doit être juste et équilibrée (Diapo 8 et 9).

4 / 5
Question

L’exercice de l'autorité éducative et pédagogique demande du temps.

Réponse

Bonne réponse

L’exercice de l’autorité éducative ou pédagogique demande du temps pour responsabiliser pas à pas le sujet. Mais elle a aussi une fin (Diapo 13).

Réponse

Mauvaise réponse

L’exercice de l’autorité éducative ou pédagogique demande du temps pour responsabiliser pas à pas le sujet. Mais elle a aussi une fin (Diapo 13).

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Question

L’autorité éducative est une combinaison de l’autoritarisme et du « laisser faire ».

Réponse

Bonne réponse

L’autoritarisme vise à faire obéir aveuglément, le laisser faire fuit le conflit, alors que l’autorité éducative vise à sécuriser et soutenir le développement du sujet via un cadre clair et des espaces de dialogue (diapo 17 et 20).

Réponse

Mauvaise réponse

L’autoritarisme vise à faire obéir aveuglément, le laisser faire fuit le conflit, alors que l’autorité éducative vise à sécuriser et soutenir le développement du sujet via un cadre clair et des espaces de dialogue (diapo 17 et 20).

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Module thématique

Pédagogie et autorité

Diapo 2

Résumé et Plan

1.  Résumé

L’autorité pédagogique et éducative est une question vive. Elle se  distingue de la discipline, du pouvoir.  Entre autoritarisme et « laisser faire », l’exercice juste et équilibré de l’autorité dans le champ des apprentissages revient à une forme d’influence qui apporte  de la sécurité, des points de repères, et qui au final, participe à rendre le sujet autonome.

2.     Le plan, détaillé sur la diapositive, se déroule de la diapo 3 jusqu’à la diapo 21. Les numéros entre parenthèses correspondent aux numéros des diapositives.

3.    Conseil

Pour profiter au mieux du module, vous pouvez regarder la diapositive, écouter le commentaire audio et lire le commentaire écrit. Pour lire le commentaire, cliquer sur l’icône comme indiqué, dans la partie « texte » à droite de la diapositive.

Diapo 3

Introduction (1 sur 2)

1.    La question de l’autorité en pédagogie et en éducation est une question sociale vive : la société contemporaine est traversée par une forme d’effacement de points de repères hérités et fait face à des crises récurrentes et une forme d’incertitude pour l’avenir. L’autorité, tantôt contestée, tantôt regardée comme un remède, mérite une approche qui dépasse les ressentis immédiats.

2.    Le sociologue François Dubet parle de déclin des institutions, c’est à dire, au sens étymologique, du déclin des fondements, des règles. En effet, notre époque ne peut que constater l’érosion de la notion d’autorité dans nombre d’institutions, ou, au moins, sa mise en question. Ces institutions -famille, école, religion, État, entreprises- sont historiquement des « fabriques de règles », de points de repères et de normes pour agir en société, comme pour agir, plus simplement, dans des situations pédagogiques.

Le verbe latin instituere signifie :                « établir, fonder ; donner commencement à quelque chose  »… Ce qui correspondait bien à la fonction de l’instituteur à l’école primaire (que l’on désigne désormais par professeur des écoles ).

3.    Pour clarifier l’emploi de ces deux termes voisins – pédagogie et éducation – précisons que la pédagogie, qui vise à faire apprendre, est fortement reliée au savoir, notamment par le registre didactique, et que l’éducation est liée au sujet en développement (enfant ou adulte) et à son émancipation, c’est-à-dire sa capacité à se gouverner seul, de manière éclairée et responsable. La pédagogie s’inscrit, sans s’enfermer, dans l’éducation, qui est plus large. Ensemble, pédagogie et éducation sont traversées par la question de l’autorité. Et au sein de la pédagogie, au sens général du terme, la pédagogie scolaire relève de ce qui se passe dans l’institution qu’est l’école et par extension tous les établissements d’enseignement et de formation. Pour sa part, la pédagogie hors scolaire, comme son nom l’indique concerne les milieux plus informels, comme, par exemple, la famille ou le monde associatif.

4.    La question de l’autorité éducative est en tension entre deux modèles antagonistes :

  • D’une part, l’autorité traditionnelle, instituée, qui se décrète et s’impose     « par le  haut »
  • Et d’autre, part une autorité construite, plutôt inductive, émanant des individus, partant de l’expérience et de la réflexion, qui fait confiance à une possible auto-régulation des individus en dehors d’un système de règles strictement formel ou d’une hiérarchie extérieure.

 

Diapo 4

Introduction (2 sur 2)

1.     L’autorité éducative et pédagogique est une question centrale dans une période contemporaine qui cherche un modèle d’autorité qui fasse consensus. Une question volontiers conflictuelle et même politique qui enflamme facilement les uns et les autres. Et à laquelle ce module thématique n’apporte pas de réponse, mais propose quelques éclairages.

2.    Une première approche mobilise la pratique concrète de l’autorité dans les situations pédagogiques ordinaires comme dans les situations pédagogiques conflictuelles. Il est attendu du pédagogue non seulement  qu’il « fasse autorité », par sa fonction dans la situation pédagogique, mais aussi qu’il incarne l’autorité, par sa personne. En effet, l’exercice de l’autorité du pédagogue vis à vis de l’apprenant, met en jeu l’histoire personnelle et l’expérience du pédagogue. Sa relation à lui-même, aux autres, aux règles fait partie de sa trajectoire. Un travail réflexif de la part du pédagogue s’impose donc ; car l’autorité ne se réduit pas à un protocole à imposer ; elle réclame, pour s’exercer, une lucidité dans la situation donnée et une forme d’exigence vis à vis de soi, pour éviter d’imposer mécaniquement sans y réfléchir des schémas d’autorité qui ne soient pas adaptés à la situation. Ce qui ne signifie à aucun moment qu’il s’agit d’abdiquer le respect des règles. Ni, le cas échéant, de renoncer à changer ou améliorer les règles…

3.     Une approche alternative est proposée par la philosophie : l’autorité ne relève pas seulement d’une dimension immanente, c’est-à-dire attachée à la personne qui l’exerce, qui en serait dotée naturellement ou pas. Une réflexion sur les principes liés à l’autorité peut éclairer le pédagogue, à partir des notions de vivre ensemble, de règles et de sanction, de récit sur l’humain, sur les conditions de sa liberté…. Pour permettre aussi de ne pas confondre autorité avec autoritarisme, avec dressage ou avec assujettissement de l’apprenant.

4.     L’idée est que l’autorité se construit, se réfléchit et s’exerce pour constituer une ressource au service des apprentissages dans toute situation pédagogique.

Faire autorité, c’est être perçu comme légitime par autrui pour exercer à son égard une forme de pouvoir dans une situation donnée, sans violence, en s’appuyant sur des principes clairs.

Les notions d’autorité, de discipline, de pouvoir sont à la fois proches et distinctes.

 

 

Diapo 5

Discipline et autorité: deux notions voisines mais distinctes (1 sur 2)

1.     Des règles, claires, connues de tous, appliquées de manière juste et équilibrée, sont nécessaires pour que des humains vivent ensemble, en société, dans un groupe comme une dans classe, et dans toute situation pédagogique. Cela, d’autant que la situation est institutionnalisée comme à l’école ou en formation professionnelle.

2.     La discipline concerne le registre de l’organisation pédagogique : il s’agit de donner un cadre, et d’établir des règles, de viser en quelque sorte un ordre pédagogique, car on n’apprend peu ou mal dans la confusion et l’incertitude (notamment les apprenants plus en difficulté). Idéalement, ces règles peuvent être, pour partie, co-construites avec l’apprenant, et elles doivent lui être communiquées et expliquées. C’est rarement du temps perdu que présenter les règles, qui donnent des points de repères, qui sécurisent les apprentissages, qui établissent les droits et devoirs de chacun. Elles peuvent faire l’objet d’un contrat plus ou moins explicite. Dans les situations informelles d’apprentissage, les règles sont souvent implicites, notamment lorsque le pédagogue et l’apprenant ont des liens déjà bien établis. Cependant, même dans ce cas de figure, expliciter quelques principes ou quelques règles aide à cadrer la situation pédagogique.

 

 

Diapo 6

Discipline et autorité (2 sur 2)

1.     L’autorité pédagogique concerne en priorité, mais pas exclusivement, le registre de la relation pédagogique.  L’autorité  va permettre de faire vivre et faire respecter les règles qui s’appliquent à la situation d’apprentissage. Y compris, si besoin, en ayant recours à des sanctions proportionnées pour faire face aux manquements éventuels. Ce faisant, l’autorité se construit et s’exerce à travers la posture du pédagogue, sa manière d’être : il incarne l’autorité et il est garant de l’application juste des règles (qui ne dépendent donc pas de son humeur ou de ses préférences). Il est primordial d’être juste en terme d’autorité.

2.     Dura lex, sed lex : la loi est dure mais c’est la loi.

Appliquer la loi, c’est aussi l’occasion, en situation,  l’expliquer dans ses fondements et sa logique. Ainsi les sanctions éventuelles ne sont pas des formes de vengeance du pédagogue mais sont un retour au cadre et aux règles. Cette autorité, le pédagogue en est symboliquement dépositaire vis à vis de l’apprenant, avec la médiation de la règle et des principes sous-jacents à cette règle.

 

Diapo 7

Pouvoir et autorité (1 sur 2) 

1.    En latin, on distingue potestas et auctoritas.

Erick Prairat, chercheur en sciences de l’éducation et de la formation, précise que la potestas est le pouvoir fondé sur la fonction, le grade ou le statut. Par exemple, à l’école, le professeur est investi d’une potestas, c’est-à-dire d’un pouvoir légalement reconnu pour exercer sa tâche d’enseignement. La potestas est fondée sur la puissance légale de contraindre.

2.    Le professeur, garant de l’autorité, a ainsi le droit de sanctionner un élève si le besoin s’en fait sentir. Par exemple s’il triche.

Diapo 8

Pouvoir et autorité (2 sur 2) 

1.    Contrairement à la potestas, liée au statut, l’ auctoritas n’est pas l’objet d’une attribution officielle. On n’investit pas quelqu’un d’une auctoritas car elle est de l’ordre de l’influence, de l’ascendant lié à la personne, du crédit, attaché notamment à la compétence ou l’expérience reconnues. L’ auctoritas est l’art d’obtenir l’adhésion sans recours à la menace ou à la contrainte. Elle recommande plus qu’elle ne commande.

2.    On peut avoir de l’influence sans avoir un statut ou une fonction légalement reconnue. À l’inverse, on peut être posséder un statut et être dépourvu de toute forme d’ auctoritas. Idéalement, potestas et auctoritas se conjuguent et se complètent.

L’important est que le pédagogue fasse autorité sur l’apprenant. Dans un cadre institué comme l’école, le pédagogue a un statut d’enseignant et peut, si nécessaire, exercer le pouvoir que lui confère son statut, il fait respecter les règles propres à l’institution scolaire, par le dialogue qui vise à faire prendre conscience et à persuader, le rappel à l’ordre et, si besoin, par la sanction .

Diapo 9

Autorité : ni contrainte, ni persuasion, une influence (1/2)

1.    L’autorité, permet d’obtenir le consentement sans le recours à la violence physique ou psychologique.

2.    L’adhésion et le consentement du sujet ne sont pas le résultat d’une démonstration argumentée, s’appuyant sur la logique ou sur la raison.

3.    Ainsi, l’autorité se distingue à la fois de la contrainte qui utilise la force et de la persuasion qui utilise des arguments et cherche à convaincre.

L’autorité peut être expliquée, mais elle ne se négocie pas. Elle relève d’une hiérarchie qui s’impose par elle-même.

Diapo 10

Autorité : ni contrainte, ni persuasion, une influence (2/2)

1.     L’autorité n’est ni contrainte, ni persuasion, elle est influence.  Laquelle ne signifie ni conditionnement ou dressage, ni manipulation qui soumettent le sujet.

Elle doit être utilisée avec discernement et de manière équilibrée pour éviter les abus.

2.    L’influence tient son effet d’une combinaison variable de différents éléments : du crédit, des compétences, de l’expérience, de la manière d’être, des dispositions et du statut de la personne qui la détient. Cela avec l’accord, plus ou moins explicite et plus ou moins conscientisé du sujet.

3.    Sur ce point, il convient de prendre en compte le niveau de développement des personnes et le contexte : entre l’école maternelle, l’enseignement supérieur ou la formation pour adultes, il convient de s’adapter à la situation pour prendre en compte la maturité et l’expérience des personnes.

 

Diapo 11

Quatre caractéristiques de l’autorité éducative et pédagogique (1/4)

1.    Le mot « autorité » vient du latin auctor, issu verbe augere qui signifie « augmenter ». L’autorité fait grandir, car elle soutient le développement du sujet. Elle constitue une influence libératrice.

2.    L’autorité équilibrée s’écarte de l’arbitraire, de la loi du plus fort et de l’incertitude : elle permet au sujet de prendre le risque de s’autoriser à exister, d’apprendre, de faire des erreurs, d’être reconnu. Elle sécurise les apprentissages.

Diapo 12

Quatre caractéristiques de l’autorité éducative et pédagogique (2/4)

1.    L’autorité a une action médiatrice : elle permet au sujet d’accéder à la responsabilité et l’autonomie.

2.    Elle offre un cadre, propose des balises au sujet qui agit, notamment lorsqu’il agit pour apprendre, avec la triple médiation du pédagogue (registre didactique, registre de la relation, registre de l’organisation).

Diapo 13

Quatre caractéristiques de l’autorité éducative et pédagogique (3/4)

1.    L’autorité éducative ou pédagogique n’est pas affaire d’un instant : l’exercice de l’autorité par l’éducateur ou le pédagogue, notamment à travers l’étayage qu’elle adresse au sujet, s’inscrit dans la durée, celle du développement progressif du sujet et celle des apprentissages. Pas à pas, le sujet prend le chemin de la responsabilisation et de la maîtrise de compétences, qui ensemble, le conduisent vers l’autonomie.

Notons que l’autorité n’est pas sans fin : elle a un terme, celui de l’échéance éducative ou de la fin des apprentissages. Cela, contrairement à la manipulation où celui qui assujettit, dans une logique qui serait celle d’un gourou, enferme et maintient perpétuellement le sujet sous son emprise.

Pour résumer, on peut dire que l’autorité éducative et pédagogique s’inscrit dans le temps et a un terme.

2.    Le moment venu, le sujet quitte ce cadre éducatif ou pédagogique, enrichi idéalement de ressources et de compétences pour agir de manière éclairée et autonome, avec de manière plus ou moins conscientisée, un rapport positif à l’autorité qui l’a aidé à se développer. Autorité que, possiblement, il sera prêt à exercer par la suite.

Diapo 14

Quatre caractéristiques de l’autorité éducative et pédagogique (4/4)

1.    L’autorité éducative et pédagogique suppose, de la part du pédagogue, de reconnaître l’apprenant comme sujet. Et non de viser sa soumission silencieuse, laquelle le transformerait en objet. Car l’apprenant, soumis à l’autorité, reste libre, comme le souligne Hannah Arendt (1961) : « L’autorité implique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté ».

2.    Plus précisément, il y a la nécessité d’une reconnaissance et d’une considération réciproques entre pédagogue et apprenant pour que l’autorité pédagogique soit un levier de développement du sujet. Ainsi, l’autorité est influence et en même temps elle suppose la reconnaissance du sujet singulier.

Diapo 15

Trois modèles d’autorité (1 sur 3) Autoritarisme

1.     L’autoritarisme (« être autoritaire ») : celui qui détient le pouvoir par son statut (pédagogue, enseignant) exerce son autorité de manière quasi abusive, en visant la soumission et l’obéissance inconditionnelle de l’autre. Sur le plan de la relation, les échanges sont réduits au minimum et le dialogue est absent.

Avec quels moyens ? La force physique, la culpabilisation, des pressions psychologiques comme la menace d’exclusion ou encore la séduction.

2.     L’autoritarisme en pédagogie engendre l’assujettissement du sujet qui apprend. Il freine le développement de l’apprenant qui utilise son énergie et son attention non pour apprendre mais pour se protéger contre les excès et parfois l’arbitraire de l’autoritarisme. On se tient éloigné d’une perspective fondamentale de l’éducation et de la pédagogie qui est de viser l’autonomie éclairée du sujet, en le rendant plus compétent, plus lucide, apte à faire ses propres choix et à créer.

Un pédagogue ou un enseignant qui s’appuie sur ce modèle d’autorité-autoritariste personnifie cette notion d’autorité à travers lui et empêche l’établissement d’une relation de confiance où l’apprenant peut faire une erreur et demander de l’aide.

Diapo 16

Trois modèles d’autorité (2 sur 3) Autorité abandonnée ou négligée

1.     L’idée d’autorité est mise de côté par le pédagogue, en s’appuyant, le plus souvent, sur un argument fallacieux, plus ou moins conscientisé : la peur du conflit. Parfois, cela peut être pour des raisons personnelles, par manque de confiance en soi, car l’exercice de l’autorité engage psychologiquement et socialement l’éducateur ou le pédagogue, au travers de la relation avec l’apprenant. Paradoxalement, certains préfèrent esquiver le conflit par peur de ruiner cette relation, alors même que c’est l’inverse que se produit ! Cette fuite détruit la relation pédagogique. Une des causes de l’évitement systématique du conflit peut être liée à une posture idéologique : pour les tenants du « laisser faire », l’exercice de l’autorité serait par lui-même illégitime et anti-éducatif. Bâtir et édicter des règles serait porteur mécaniquement de contrainte qui assujettit l’apprenant. Ils font confiance à une sorte d’auto-organisation qui serait susceptible d’émerger. L’argument est trompeur, car, souvent, l’organisation qui émerge provient d’une forme de manipulation de leur part. Ou bien, c’est la loi du plus fort qui s’impose, au détriment de la majorité silencieuse qui se tait ou fait le dos rond.

2.     Abandonner l’autorité éducative et pédagogique, outre que cela relève d’une forme de facilité, pose problème pour les apprentissages : cet abandon ou cette négligence de l’autorité reviennent à priver la personne éduquée de point de repères, à l’insécuriser puisque l’absence de règles claires et stables aboutit à produire du flou et de l’incertain. Cela est facteur d’entropie, c’est-à-dire d’augmentation du désordre. Et revient à s’écarter de la construction de sens. C’est aussi, souvent, se soumettre à la dictature de l’immédiat, sans que l’apprenant apprenne à différer ses désirs. Peut-on penser construire un sujet autonome sans fixer de limite, sans s’inscrire dans la logique d’une construction patiente, en contournant les conflits ? Apprendre demande impérativement du temps, des efforts, de l’organisation, du dialogue que l’autorité éducative et pédagogique participe à cadrer et à soutenir. Fuir le conflit pédagogique, constructeur de tout humain, c’est, finalement, pour le pédagogue, abdiquer face à ses responsabilités.

 

Diapo 17

Trois modèles d’autorité (3 sur 3) L’autorité éducative et pédagogique

1.      Entre autoritarisme, qui interdit le conflit et laisser faire qui le fuit, l’autorité éducative et pédagogique propose une voie qui suit un fil vivant et qui s’appuie sur deux piliers : un cadre clair, incluant la possibilité de sanction, et un espace de dialogue.

Ce modèle d’autorité éducative et pédagogique vise à favoriser une influence positive vis à vis d’autrui.

Cette forme d’autorité équilibrée cherche à susciter l’adhésion éclairée des apprenants dans les situations d’apprentissage. L’autorité éducative et pédagogique prend en compte des conflits possibles avec la règle posée ; et elle accepte la mise en œuvre, si nécessaire, de sanction dans un cadre clair ; un conflit est l’occasion potentielle, pour l’apprenant, de grandir psychologiquement et socialement car il permet de tracer une ligne qui sécurise.

Pour dire les choses clairement, il n’y a pas d’éducation sans l’exercice responsable de l’autorité éducative. Chacun, dans sa propre expérience, a déjà rencontré ces modèles d’autorité : l’autoritarisme, l’absence de l’autorité, ou encore l’exercice responsable de l’autorité éducative. Et a perçu, par son expérience personnelle, les effets de ces modèles d’autorité.

2.     L’exercice responsable de l’autorité éducative convoque en première ligne la notion de respect. De fait, elle se fonde sur le respect réciproque de l’éducateur et de la personne éduquée, ou du pédagogue et de l’apprenant. Ni gourou, ni invisible, l’éducateur ou le pédagogue qui assume l’autorité éducative et pédagogique dans toutes ses dimensions, s’appuie sur ses compétences, ses dispositions, son propre rapport à l’autorité. Il est, précise Bruno Robbes,  une référence, une sorte de balise qui n’est cependant pas un modèle à imiter.

Signalons que, dans l’air du temps, une forme de dictature de l’immédiat et le primat des émotions privilégient le buzz ou la punchline et génèrent ou attisent les conflits et la contestation des formes d’autorité légitime. Sans doute les réseaux sociaux, reflet grossissant de la société, y contribuent-ils. Tout cela rend plus compliqué la prise de recul ainsi que le temps des échanges, de la contradiction. Ce que permet un dialogue basé sur des arguments fondés et critiquables (pour reprendre Jürgen Habermas dans sa théorie de l’agir communicationnel).

L’exercice responsable de l’autorité éducative et pédagogique est au service d’une forme de régulation au niveau du registre de la relation (voir module de base « Au cœur de la pédagogie : trois registres de médiation »).

 

Diapo 18

Autorité : être/avoir/ faire (1 sur 3)

1.     Être l’autorité : Le statut de le  détenteur de l’autorité  permet à l’éducateur et au pédagogue de figurer le pouvoir  et d’exercer l’autorité. Que ce statut soit réel, comme celui d’un enseignant en classe, d’un professeur à l’Université, d’un tuteur en apprentissage, ou qu’il soit symbolique comme le fait de posséder une expertise reconnue sur un objet de savoir pour un pédagogue en contexte informel.

2.     Il existe une asymétrie d’expertise sur le contenu des apprentissages entre le pédagogue et l’apprenant. Et cela  contribue à conférer au pédagogue une partie de son autorité. Il garantit, via un cadre, des règles et une posture adaptée, la possibilité d’apprendre et cela sécurise le processus d’apprentissage dans lequel s’engage l’apprenant. Car ce cadre rend en quelque sorte possible des erreurs et envisage, si besoin, la possibilité de recevoir un soutien bienveillant et exigeant.

 

Diapo 19

Autorité : être/avoir/faire (2 sur 3)

1.     Avoir de l’autorité : cela renvoie à la posture de celui qui incarne symboliquement l’autorité, c’est-à-dire à son attitude corporelle et plus globalement, sa manière d’être à cette fonction. Derrière cette question de posture se trouvent des dispositions personnelles liées notamment au caractère, et le rapport qu’entretient le pédagogue avec cette notion d’autorité, soit ses convictions mais aussi, parfois, ses hésitations et ses doutes.

Avoir de l’autorité n’est pas seulement immanent, c’est-à-dire ne renvoie pas seulement à la nature et aux dispositions personnelles. Cela renvoie aussi, sur le plan philosophique, à une forme de transcendance, c’est à dire à un ordre de réalité supérieure, qui dépasse chacun.

2.     Pour le pédagogue, avoir de l’autorité, s’apprend, s’éprouve au contact des situations pédagogiques, s’acquiert par expérience, notamment lorsque celle-ci est l’objet d’un travail réflexif, et d’échange avec des pairs.

Diapo 20

Autorité : être /avoir/ faire (3/3)

1.     Faire autorité correspond à exercer pratiquement, concrètement, l’autorité dont on est dépositaire dans une situation donnée : pour le pédagogue, cela correspond au fait de construire un cadre éducatif et pédagogique, à installer un climat relationnel basé sur le dialogue, à expliquer et faire respecter les règles de manière juste et équilibrée. Cela en dehors de tout esprit dogmatique. Les gestes pédagogiques qui contribuent à ce que le pédagogue fasse autorité relèvent autant du domaine de comportement concret (posture et distance physique, expressions faciales, intonation et prosodie de la voix) que du plan symbolique : préciser une consigne, rappeler une règle, poser une question de vérification d’une connaissance utile, attirer l’attention sur un point de vigilance, encourager une réussite…).

2.     Ces gestes sont pédagogiques au sens où on les retrouve dans les trois médiations entre le pédagogue et l’apprenant (Voir le module de base 1 : au cœur de la pédagogie, trois registres de médiation).

Le registre de la relation, est central, en faisant vivre de manière juste et équitable des règles claires et stables, connues de tous, avec un climat de respect mutuel. Mais aussi en gardant vivants des espaces de dialogue, où il est possible, pour le pédagogue comme pour l’apprenant, de dire franchement les choses en y mettant les formes : cela donne à l’apprenant le sentiment qu’il est pris en compte comme sujet.

Le registre didactique, est également concerné, mais de manière moins directe. Car l’autorité se construit, pour le pédagogue, en attestant d’une véritable compétence par rapport à l’objet d’apprentissage et en le « didactisant » avec clarté.

Le registre de l’organisation, est également mobilisé lorsque sont mis en place des dispositifs pédagogiques pertinents par rapport aux apprentissages, qui permettent des progrès effectifs chez l’apprenant.

Diapo 21

En forme de synthèse

1.     Synthétiser la notion d’autorité éducative et pédagogique est une gageure et nous nous limiterons ici à donner, sans les hiérarchiser, quelques balises importantes, mais non exhaustives, pour aider tout pédagogue à prendre la mesure de cette fonction d’autorité qu’il incarne et qu’il exerce dans le cadre de la médiation pédagogique.

2.     L’autorité pédagogique est liée au statut et à la personne du pédagogue ainsi qu’à sa posture et son attitude vis à vis de l’apprenant : c’est la logique immanente. Simultanément, elle est reliée à des éléments qui dépassent l’apprenant, le pédagogue et la situation concrète : c’est la logique transcendante. Elle se construit à l’épreuve des situations concrètes et mérite, de la part du pédagogue, d’être l’objet de réflexion sur son action.

3.     Cette autorité pédagogique est liée à un cadre clair et partagé : installer un climat relationnel exigeant et bienveillant, expliciter les règles dans lesquelles s’inscrivent les apprentissages.

4.     L’autorité pédagogique est aussi liée, cela peut paraître évident, à la maîtrise du contenu des apprentissages par le pédagogue et à son expertise sur le plan didactique. Cette maîtrise lui permet d’accompagner avec justesse les apprentissages, d’apporter des réponses aux éventuelles difficultés rencontrées par l’apprenant… autant d’éléments concrets qui renforcent son autorité sur le plan symbolique.

5.     Cette autorité du pédagogue est, formellement, liée à son statut, notamment dans un cadre institutionnel, comme un établissement scolaire ou de formation, ou encore au sein d’une entreprise. Mais le statut seul ne suffit pas à incarner l’autorité.

6.     L’autorité pédagogique est liée à la capacité, chez le pédagogue, à conduire un dialogue dans la situation pédagogique, un dialogue dont il  est le garant et où il lui appartient d’être clair et juste. Sachant que l’une des issues, si nécessaire, est le recours à une sanction en cas de manquement.

 

 

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